17 décembre 2021
Le poste de Célia est le fruit d’une collaboration entre Brookings et le ministère des Affaires étrangères français qui sponsorise des chercheurs dans les instituts de recherche étrangers pour y développer des liens de confiance. Ces échanges de chercheurs font partie de la politique d’influence de la France. Il faut les maintenir et les développer !
Nous avons échangé sur de nombreux sujets, en particulier sur l’état de la relation transatlantique après l’affaire des sous-marins dite AUKUS1en septembre 2021. Voici l’analyse de Célia Belin(2) :
Avec l’affaire AUKUS, nous avons un vécu un phénomène de crise et de résolution de crise assez rapide entre les deux pays. La crise semblait grave et, pourtant, deux mois plus tard, une déclaration jointe entre Joe Biden et Emmanuel Macron sur l’Europe de la défense et des visites d’officiels américains à Paris pour faire acte de repentance semblent calmer le jeu.
Cette séquence a pu rappeler 2003 et la crise diplomatique autour de l’Irak avec une francophobie très forte dans les médias américains à l’époque. Alors pourquoi un traitement différent cette fois-ci ? Il est vrai que nous avons un alignement des intérêts depuis 10 ans sur l’anti-terrorisme : au Sahel, coalition anti-Daech et des priorités diplomatiques communes : climat et nucléaire iranien. Par ailleurs, les pays européens sont moins présents, les Britanniques englués dans le Brexit et Allemands assez immobiles sous Angela Merkel, laissant un champ libre à la France.
La crise passe mais c’est une mise en garde. Il existe de moins en moins d’axes diplomatiques communs entre les deux pays, la gestion Covid n’a pas été une priorité commune non plus. Alors que les Etats-Unis placent la Chine au plus haut niveau de leurs priorités, la France se concentre davantage sur l’anti-terrorisme et le Moyen-Orient.
Joe Biden promeut une politique étrangère au service de la classe moyenne américaine, une forme de protectionnisme et de non-interventionnisme qui peut isoler les deux pays. Le sommet pour la démocratie(3) qui a eu lieu la semaine dernière nous est lointain : la France est attachée au multilatéralisme mais rechigne au combat idéologique sur la nature des régimes. Pas de partenariat à envisager de ce côté-là donc. S’attendre aussi au retour des autres pays européens – Allemagne, Royaume-Uni, Italie - sur la scène internationale.
La crise AUKUS est un coup de semonce pour les relations franco-américaines. Elle dévoile en fait des vulnérabilités structurelles de la relation bilatérale, en croissance dans le contexte d’un environnement stratégique qui se détériore. Des forces centrifuges s’exercent sur le partenariat franco-américain, dont il faut se préoccuper pour éviter de nouvelles surprises car le noyau d’une relation durable se construit sur des intérêts partagés.
Joe Biden a poursuivi la politique décidée par Donald Trump et l’accord de retrait passé en février 2020 entre les Talibans et l’administration américaine.
Ce retrait est un élément cohérent de la politique de Joe Biden qui lorsqu’il était Vice-président prônait déjà ce retrait. L’Amérique privilégie aujourd’hui le théâtre indopacifique et le départ des troupes américaines d’Afghanistan ne signifie pas un isolement américain mais plutôt un réengagement dans une autre zone du monde. Hélas, l’avenir des Afghans n’a pas été préservé, les Européens ont été attentistes et alignés sur le calendrier américain.
Le dernier podcast en anglais de Célia Belin est dédié aux élections présidentielles 2022 en France et la présidence française de l’UE avec les priorités au climat, la régulation du numérique et la reprise post-Covid : https://podcasts.apple.com/us/podcast/frances-pivotal-year-ahead/id1474443374?i=1000544895184
- 1. Le 15 septembre 2021, l’Australie décide de renoncer à l’acquisition de douze sous-marins français Shortfin Barracuda produits par Naval Group et annonce la création d’un pacte de sécurité avec le Royaume-Uni et les États-Unis (AUKUS, pour Australia, United Kingdom, United States) qui lui permettra de se procurer, auprès de Londres et Washington, des navires à propulsion nucléaire.
– 2. Vous pouvez retrouver l’analyse de ces enjeux par Célia Belin dans un article publié récemment dans Le Rubicon : https://lerubicon.org/publication/aukus-un-coup-de-semonce-pour-les-relations-franco-americaines/
– 3. Lors de ce sommet, Joe Biden a appelé à mettre fin au « recul de la démocratie » et à « créer des champions » de la démocratie selon AP News https://apnews.com/article/white-house-summit-for-democracy-biden-us-1c74e38acbd8ab68ed97aa3354af7b1d
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